chispaYves Delattre

Depuis quelque temps, quand on me croise, on me demande d’abord si je suis là pour le moment, avant même de savoir comment je vais. Nomade ? Sans doute. Un voyageur de fond circule, scaphandrier bleu clair. Dragueur de mines ? De mines d’or, alors. Joueur, surtout. Je joue, depuis que je vis, avec les couleurs, avec les mots, avec les langues, avec les corps, les sens, les sons, avec les restes, les zestes, les gestes, le reste. L’océan n’est jamais bien loin. Je brasse, concocte, dauphin, bison. Papillonne ou vrombis tranquille. Je suis rarement longtemps les règles de l’art. Gobe les cerises noires quand elles sont mûres et fonds quand les kakis blettissent.

J’affectionne les carrefours, les intersections et les mélanges inédits. Volcans m’aimantent, tempêtes m’arpentent, j’en rêve, j’y suis, j’y reste, j’y meurs, j’y nais. Je regarde crisser la lave. Verdir le ciel. Danse, sillonne, berce, fouine. Quand je souffle, serpent de bois, je deviens pèlerin et bâton, je deviens baguette et sourcier. Mon cœur couve sous la pulpe de mes doigts. J’allume. La lune n’est pas très loin de moi.

Chispa pour moi, c’est… un de mes tapis verts, feutré, une de mes toutes belles plaines de jeu, un berceau pour mon humanité, mon labo de petit chimiste, l’occasion de tenter les coups que je n’oserais pas jouer seul. Chispa c’est comme un cerveau, des synapses, des connexions, des échanges bleus, oranges, électrisants.